Cet article vise à étudier le lien entre le faible soutien dont bénéficient les filles-épouses âgées de 14 à 17 ans dans le mariage et leur astreinte aux pires formes de travail des enfants dans les quartiers précaires abidjanais. L’hypothèse stipule que peu soutenues par leur mari dans le foyer, nombreux des besoins de ces adolescentes restent faiblement satisfaits. Pour réduire cette insatisfaction, elles monnaient leur main-d’œuvre en pratiquant des pires formes de travail des enfants. Le cadre de référence théorique est constitué de la perspective systémique de la maltraitance infantile et de la théorie intersectionnelle des violences conjugales. Au plan méthodologique, l’étude documentaire, l’observation et les entretiens semi-directifs ont permis de recueillir des données auprès de l’échantillon d’enquête composé de 103 individus. Cette étude a recouru aux analyses qualitatives et quantitatives. En termes de résultats, les données recueillies indiquent que les jeunes mariées dans les quartiers précaires abidjanais sont faiblement assistées par leurs partenaires pour diverses raisons: indigence économique, polygamie, faible pouvoir de décision de la fille-épouse, conflits conjugaux, absence du conjoint. Insuffisamment assistées, ces adolescentes ont pourtant des charges à supporter: satisfaire leurs propres besoins alimentaires, sanitaires, vestimentaires, esthétiques, ludiques et entretenir leurs enfants. Pour faire face à ces charges, elles « vendent » leur force de travail au sein du foyer et en dehors du ménage en exécutant des pires formes de travail interdites aux enfants.